Le « No Bra » redouble d'ampleur
À chaque époque ses injonctions... et ses libérations. En 1889, une révolution débute sous les robes des femmes. Le soutien-gorge est né, inventé par la Parisienne Herminie Cadolle, et se retrouve rapidement surnommé « Bien-être », car il libère enfin des corsets qui oppressaient la poitrine. Mais au fil des décennies, cet accessoire synonyme de libération du corps s'est peu à peu converti en nouvelle forme potentielle de domination, imposée par des diktats de beauté guidés par une quête de perfection, voire d'hypersexualisation.
En 2012, le mouvement « Free the Nipple », popularisé par le film éponyme de Lina Esco, est l'un des premiers à dénoncer cette injonction sociale et culturelle, en invitant les femmes à se promener sans soutien-gorge en public. L'écho est immédiat, et très vite, le monde entier relaie ce nouveau mantra : « Libérez les tétons. » De Soko à Cara Delevingne en passant par Lena Dunham, créatrice de la série générationnelle Girls, le hashtag est repris sur les réseaux sociaux et jouit toujours d'une belle popularité sur Instagram, où l'on se bat encore pour que les tétons pointent sans risquer d'être pointés du doigt.
Récemment, le confinement a plus que jamais remis au goût du jour la tendance du « No Bra ». Selon une étude IFOP réalisée en avril 2020, 8 % des femmes confinées ne portaient plus de soutien-gorge, enfin libérées du regard extérieur. Un mouvement qui semble particulièrement prégnant chez les jeunes adultes, puisqu'une autre étude démontre qu'une femme de 18 à 24 ans sur cinq ne porte plus de soutien-gorge depuis le confinement. Il semblerait ainsi que la mode du « No Bra » soit amenée à séduire de plus en plus de personnes.
En 2020, la tendance ne semble donc plus au « no », ni au « free », mais bien au libre choix. Le choix de porter ou non de la lingerie peut ainsi s'exprimer aujourd'hui librement pour chaque individu.