POURQUOI LES OOTD ET AUTRES GRWM FASCINENT AUTANT ?

“Salut ! Aujourd'hui, on s'habille ensemble !”, cette intro (à deux-trois détails près) est connue de tous les utilisateurs d'Instagram ou encore de TikTok, réseaux sociaux préférés de la Gen Z (selon une étude Diplomeo menée au début de l'année 2022). Et pour cause, depuis plusieurs années se filmer en train de choisir sa tenue ou son make-up du jour est devenu monnaie courante.

Si vous scrollez de façon frénétique les réseaux sociaux, vous n'avez pas pu y échapper : les vidéos Outfit of the Day, Get Ready With Me ou encore Morning Routine sont monnaie courante. Face caméra, les influenceurs choisissent leur look du jour. Des “Outfit of the Day” (qui signifie “La tenue du jour”) au “Get Ready With Me” (“Préparez-vous avec moi”) en passant par les “Help Me Pick My Outfit For” (“Aidez-moi à choisir ma tenue pour...”), tous les moyens sont bons pour offrir aux abonnés une plongée toujours plus fascinante dans un quotidien que l'on partage tous. Et ça marche.

Sur les réseaux sociaux, c'est la déferlante. Ce genre de format cartonne. D'autant plus avec l'arrivée sur le marché de TikTok et son extrême popularité. Aujourd'hui, sur Instagram le hashtag #ootd ne compte pas moins de 409 900 000 publications et des centaines de dérivés. Sur TikTok, les chiffres sont vertigineux. Début novembre 2022, le hashtag #grwm comptait près de 49 milliards de vues. Il faut dire que sur TikTok, la viralité peut être soudaine, quasi brutale. Si bien qu'il s'agit très probablement du réseau social le plus propice à ce genre de vidéos : le format est court, divertissant, et peut se publier en temps qui frôle le réel.  

“Quand on poste sur les réseaux sociaux, ce qui importe, c'est la constance” affirme Pauline, plus connue sur TikTok sous le pseudo @paulinechbtt et qui cumule un peu plus de 82 000 abonnés après seulement quelques mois d'existence sur le réseau social. Voilà qui permet donc aux influenceurs d'instaurer une routine quotidienne aussi basique que celle de s'habiller.  Faut-il opter pour un top gris ou blanc ? Un sac à main rose ou un basique noir ? Si les questions n'attendent en réalité pas de réponses, elles génèrent pourtant de nombreux commentaires de la part des abonnés qui donnent leur avis comme s'ils pouvaient encore véritablement changer les choses.  

Car c'est bien ce qui découle de ces vidéos que l'on regarde à la chaîne : de la fascination. Si au début le but était très clair : rêver le quotidien de gens aux niveaux de vie aux antipodes, les choses ont dernièrement changé. Aujourd'hui, c'est l'authenticité et la proximité qui comptent. “Ce que j'aime dans ce type de concept, au-delà d'avoir une présentation de produits, c'est qu'il y a toujours derrière une discussion, une personne et une personnalité qui rend le format hyper divertissant”, explique Pauline.  

Sur les réseaux sociaux, les profils des influenceurs type girl next door se multiplient et deviennent une sorte de présence amicale que l'on suit pour leur sympathie et aussi leur ressemblance avec nous ! Loin de ne porter que des vêtements de luxe, ces nouvelles idoles des réseaux sociaux portent de tout. Et portées par des personnes qui ressemblent au commun des mortels, les pièces en deviennent plus intéressantes et surtout, à portée de mains. “Je suis principalement des filles mid et plus size pour chercher de l'inspiration”, confie Sarra, interrogée par printemps.com.  

L'inspiration, voilà bien l'un des éléments centraux recherchés. Mais pas seulement. Pour Pauline les choses sont doucement en train d'évoluer : “Les gens ont aujourd'hui envie d'apprendre quelque chose”. Et si une portée éducative se nichait derrière ces figures joviales que l'on retrouve tous les jours sur les réseaux sociaux ? “Aujourd'hui, il faut sortir de la vidéo en se disant “Tiens j'ai appris ça !”. C'est un vrai fil conducteur : de commencer une vidéo sur une base zéro et de finir avec une vraie conclusion”, explique la jeune influenceuse. “Maintenant, la tournure n'est plus simplement “On s'habile ensemble et je finis par porter du rose”, c'est plus comment s'habiller en rose ou comment porter un pantalon rose. (...) À la fin de la vidéo, tu vas peut-être te dire “Tiens j'ai vu une fille qui s'habillait en rose et elle m'a appris comment associer les couleurs”(...) Le contexte reste le même, puisque je m'habille tout pareil, mais on amène une autre dimension puisqu'on a posé une question et on y a répondu”, résume-t-elle. 

Mais il y a une autre dimension essentielle qu'il ne faut pas négliger : celle de s'attacher à une personnalité forte, à une présence. Pour Johanna, qui consomme régulièrement ce genre de contenus, ils viennent faire écho avec sa propre mise en beauté. L'idée est simple, comme une mise en abyme 2.0, Johanna fait tourner ces vidéos lorsqu'elle-même se prépare : un moyen de revivre l'excitation de se préparer en groupe, mais par écrans de téléphone interposés. Car ce qui fait la richesse de ce type de vidéos, c'est que, bien souvent, l'influenceuse en profite pour faire la conversation et raconter les aléas de sa propre vie comme le ferait une bonne copine. “En plus de regarder une vidéo, on écoute ! (...) TikTok laisse place au Face cam et ça me permet de raconter 2-3 bêtises et d'exprimer le fond de ma pensée à cet instant T”, explique Pauline. 

Une équation payante : “Si elles sont sympas, marrantes et ne se prennent pas la tête, je follow” résume Sarra. Et si la clé du succès résidait dans ce cocktail payant ? Un peu d'apprentissage, des personnalités qui prônent le naturel et ouvrent leur pensée sans réfléchir, et un soupçon de mode ! Après tout, qui refuserait une source éternelle d'inspiration ainsi qu'une épaule virtuelle sur laquelle s'appuyer ? Personne, ou presque.