Vivienne Westwood, éternelle rebelle

« J'utilise juste la mode comme une excuse pour parler de politique. Parce que je suis une créatrice de mode, cela me donne de la voix et c'est vraiment bien », déclarait-elle. Une bonne manière de résumer le parcours incroyable de celle qu'on surnommait l'enfant terrible de la mode. L'an dernier, la styliste britannique fêtait ses cinquante ans de carrière. Un parcours fascinant qui commence dans les années 1970 lorsque Vivienne Westwood ouvre sa première boutique avec son compagnon Malcolm McLaren, manager du groupe mystique Sex Pistols.  

T-shirts à slogan, coupes androgynes, épingles à nourrices et lames de rasoir s'invitent sur leurs créations qui ne ressemblent à l'époque à aucune autre. Vivienne Westwood introduit sexe et décadence dans le monde de la haute couture en raccourcissant la crinoline, en dévoilant des pratiques BDSM, en se moquant de la noblesse et en s'inspirant du style baroque. 

Les années 1980 posent définitivement les fondations de son règne, marquées de défilés hors du commun et hauts en couleurs dont le tout premier, nommé « Pirates » et organisé à Londres en 1981. C'est à cette même période qu'elle dessinera son célèbre tee-shirt à l'effigie de la reine Elizabeth. 

Dans les années 1990, Vivienne Westwood commence son expansion et travaille notamment sur des collections masculines aux côté de son époux et Directeur Artistique Andreas Kronthaler, de 25 ans son cadet. Elle est alors par trois fois auréolée du titre de Meilleur Designer britannique de l'année (en 1990, 1991 et 2006) et obtient en 1992 un Most Excellent Order of the British Empire, l'une des plus prestigieuses distinctions. 

Au fil des années, le style Westwood s'affine et se renouvelle, toujours avec la dose d'irrévérence, la part de glamour et la créativité débridée qui le caractérise.  

Tantôt, ses collections remettent au goût du jour les habits traditionnels des corsaires, entre teintes dorées et fluidité des corps, tantôt, comme en 1995 avec « Vive la Cocotte », elles mettent en scène des femmes émancipées aux parures spectaculaires à lacets soulignant les courbes dans un satin duchesse rose et bleu.  

De manière générale, les références anglo-saxonnes ne sont jamais bien loin et ponctuent ses shows, entre tartan et kilt revisités. En 1996, sa collection Automne-Hiver « Tempête dans une tasse de thé » met ainsi en scène des créatures au maquillage volontairement exagéré vêtues de tailleurs asymétriques et d'étoffes écossaises. On peut également citer sa collection à l'effigie de sa Majesté la reine Elizabeth II, imaginée à l'occasion de son jubilé de diamant en 2012. À noter par ailleurs que Camilla, l'actuelle reine consort du Royaume-Uni, a plusieurs fois fait appel aux talents de Vivienne Westwood à titre personnel.  

Inspiration des plus grands, en 2018, le designer italien Riccardo Tisci avait d'ailleurs choisi de faire appel à elle pour signer une collection en édition limitée. Ensemble, ils avaient décliné des pièces iconiques du vestiaire punk de Vivienne Westwood dans le célèbre imprimé Burberry. Une collaboration engagée, à l'image de la styliste, le duo soutenant à cette occasion l'association Cool Earth pour la protection des forêts.  

Au centre de ses combats, la défense de l'environnement a toujours pris une place prépondérante dans le quotidien de la créatrice. Pionnière et militante écologiste notoire, Vivienne Westwood s'est très tôt engagée pour la protection de la planète, en témoigne son mantra : Buy less, choose well, make it last. Sensible au recycling et upcycling, pour ses créations, Vivienne Westwood utilisait notamment des chutes de tissus ou des stocks invendus afin de proposer une mode responsable qui laissera une trace indélébile sur le monde de demain.