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De la club culture à la pop : le disco fait-il son retour ?

Arts | le mercredi 23 septembre 2020
Ces derniers mois, le disco est partout : dans le nouvel album de Kylie Minogue, dans la mode et chez une nouvelle génération d'artistes pop n'hésitant pas à puiser dans les seventies pour composer des tubes imparables.

Au début de l'été, une collaboration étonnante est venue rappeler l'importance du disco en 2020. Le single Experience actait en effet l'union artistique de Cerrone, figure légendaire de ce genre musical, et Laylow, probablement l'un des rappeurs les plus avant-coureurs du paysage français. En à peine trois minutes et quarante secondes, on comprenait alors que le disco, malgré les avancées technologiques, la domination du hip-hop sur les charts mondiaux et les décennies qui nous séparent des tubes de Giorgio Moroder, n'avait jamais réellement disparu. Mieux, on prenait pleinement conscience de la présence d'artistes contribuant à la pérennité de ses codes esthétiques. Yuksek, Todd Terje, Michael Mayer, Corine, L'Impératrice ou encore Folamour, tous·tes contribuent à faire du disco ce qu'il a toujours été : un genre hybride, parfois clinquant, d'autres fois synthétique (l'italo-disco), par instants samplé (notamment par la French Touch et les producteurs hip-hop) ou confronté à l'agressivité du rock (LCD Soundsystem), mais perpétuellement adapté aux évolutions stylistiques.

« Le retour du disco, on en parle toutes les décennies », précise Cerrone, auteur d'un seizième album solo en février dernier (DNA) et parfaitement conscient que l'on évoquait déjà un regain d'intérêt en 2007, lorsque Calvin Harris débarquait dans le paysage pop avec son premier album, I Created Disco. « Cela dit, depuis quatre ou cinq ans, c'est vrai que l'on remarque un attrait pour les sonorités originales du disco, avec une instrumentation live et un groove qui a beaucoup été samplé, qui s'est inséré dans la house, la techno, le garage et même l'EDM [Electronic Dance Musice, NDLR], mais qui retrouve là son sens premier, notamment chez des artistes comme Dua Lipa. » Du haut de ses 47 ans de carrière, Cerrone voit aujourd'hui en la chanteuse anglaise le « meilleur exemple » de l'effervescence disco, ne serait-ce que pour l'influence dont elle jouit et pour ce sens de la mélodie catchy, perceptible à l'écoute de Future Nostalgia. Un disque que le magazine Rolling Stone a défini comme « la bande-son d'un disco qui se libère ».

Une nouvelle génération

« Dua Lipa n'est évidemment pas la seule artiste à avoir fait le tri dans la discographie 70's pour mettre au point un son extatique, très orchestré, boosté pour notre époque. Au-delà des rééditions qui pullulent ces dernières années (Pop Sympathie chez Versatile Records, France Chébran chez Born Bad), du revival autour de certaines vedettes (Sheila, dont l'album King of the World, produit par Nile Rodgers et Bernard Edwards, vient d'être réédité) ou de compositeur·rice·s resté·e·s trop longtemps méconnu·e·s (Bernard Fèvre, William Onyeabor), des dizaines d'artistes et de structures œuvrent à la réhabilitation du disco. C'est le cas de Partyfine, label fondé par Yuksek, au sein duquel évoluent des admirateurs de la boule à facettes (Alex Rossi, Dombrance, Jean Tonique). C'est le cas également du label Disco Halal, basé à Tel Aviv et représenté par des jeunes pousses aux noms équivoques (Deviant Disco, Discomatin, etc.). C'est le cas, enfin, de Myd, qui confesse inscrire sa musique dans un héritage disco : un mélange d'acoustique et de sonorités électroniques, un tempo rapide et un hook de voix pour inciter les gens à rejoindre la piste de danse. « Il n'y a pas si longtemps, j'ai même rejoué I Feel Love de Donna Summer en club, ce que je n'aurais jamais osé faire il y a encore trois ou quatre ans », s'étonne-t-il.

Selon le producteur français, membre de Club Cheval et auteur d'un projet nommé Superdiscoteca, ce retour du disco trouverait ses racines en 2013, année où les Daft Punk inondent les ondes avec Random Access Memories, prenant ainsi le contrepied d'une époque où les musicien·ne·s composaient volontiers sur ordinateur. « À l'inverse, les Daft entrent dans un studio mythique des années 70, invitent des musicien·ne·s de l'époque et développent des mélodies qui font écho à cette période, tout en composant des hits de musique électronique. Sauf que les mecs sont tellement avant-gardistes qu'il a fallu du temps à toute une génération d'artistes pour réaliser qu'ils avaient une nouvelle fois tout compris avant tout le monde. »

« Le disco, c'est un état d'esprit »

Mais le disco, ce n'est pas simplement un sens du tube imparable et un goût prononcé pour ces fêtes qui s'achèvent à l'aube. « C'est avant tout un état d'esprit », argumente Cerrone, qui en profite pour détailler les liens qui unissent les artistes disco et le milieu de la mode. « J'ai débuté au début des années 70 et je fais partie d'une génération au sein de laquelle on avait pour leitmotiv de ne ressembler à personne d'autre. Pour perdurer, on a donc rapidement compris qu'il fallait se démarquer et se construire une véritable personnalité, quelque chose de théâtral et coloré. »

Hasard ou non, un certain nombre d'enseignes ont opté ces derniers temps pour un retour du clinquant : des baskets glitter de Maison Margiela aux mules en satin et strass de chez Prada, en passant par les sacs à main en maille et cristaux d'Alexander Wang, tous ces vêtements renouent avec la grandiloquence vestimentaire qui régnaient autrefois au sein du Studio 54, du Paradise Garage et autres boîtes de nuit mythiques de l'ère disco. Celles où les corps se libéraient, où différentes minorités - noires, latinos, homosexuelles - se côtoyaient sans discrimination à la recherche d'ambiances extatiques et de démesure stylistique. « Pendant quelques années, le look disco était devenu une sorte de mauvais déguisement, s'amuse Myd. Mais aujourd'hui, je vois des skateurs s'habiller avec certaines fringues typiques de cette période. Tout se mélange, c'est beau ! »

Il suffit de plonger dans l'univers de L'Impératrice pour le comprendre : tout dans l'imagerie défendue par ce sextuor parisien trahit de véritables accointances avec le disco. De leur look, qui fait la part belle aux tenues étincelantes, à leur musique, qu'ils définissent volontiers comme de la « disco pop cosmique » : soit des mélodies qui ne peuvent s'envisager autrement qu'à destination des hit-parades et des pistes de danse. Ce qui permet de tracer une filiation entre ces amoureux·ses de la pop et le propos de Myd, persuadé que les « Français sont très à l'aise à l'idée de mélanger la pop à des mélodies dansantes. » Il ajoute : « C'est ce que faisaient les producteurs à l'époque de la French Touch, c'est ce qu'a toujours fait Justice et c'est ce que font aujourd'hui encore des artistes comme Folamour. »

Phénomène mondial

Hors de nos frontières, les musicien·ne·s anglais·e·s et américain·e·s n'hésitent pas eux·elles aussi à rouvrir les portes des seventies pour révéler une flopée de mélodies mûrement pensées en studio, mais composées dans l'idée de favoriser l'agitation des hanches. Pensons ici à Midnight Sky, de Miley Cyrus, ou à l'album What's Your Pleasure ? de Jessie Ware, qui évoquent moins la première vague disco que sa renaissance au tournant du millénaire, guidée par les succès de Jamiroquai, Sophie Ellis-Bextor et Kylie Minogue. La chanteuse australienne a d'ailleurs profité de l'été pour annoncer la sortie prochaine de son quinzième album, très justement nommé Disco.

Sur la pochette, Kylie Minogue apparaît avec les yeux maquillés au khôl noir, des cils XXL et une permanente qui trahit une volonté de renouer avec le son d'une période où, comme le précise Myd, « on cherchait en permanence à faire des tubes à la fois exigeants et populaires, sophistiqués et capables d'amener la foule à entamer une queue leu leu ». Et Cerrone de conclure : « Le disco se doit d'avoir ce côté festif imparable. Il n'y a pas d'autre style qui incite autant à l'extase, c'est vraiment corporel. C'est pourquoi je pense que ce genre musical est éternel. »

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