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Universal Standard : enfin une mode qui s'adresse à tous les corps

Style | le mercredi 1 janvier 2020
Photographie de groupe casting inclusif
Avec un spectre de tailles allant du 32 au 72, Universal Standard s'impose aujourd'hui comme l'une des marques les plus inclusives au monde. Mêlant innovations technologiques et sensibilité stylistique, la marque créée en 2015 contribue ainsi à redéfinir le futur de l'industrie. Printemps.com s'est entretenu avec sa cofondatrice et directrice créative, Alexandra Waldman.

Printemps.com : Universal Standard semble s'axer sur trois piliers : l'inclusivité, l'esthétique et la fonctionnalité. Pourquoi avoir inscrit ces notions au cœur de votre démarche ?

Alexandra Waldman : Pour nous, l'inclusivité est une façon de parler à toutes les femmes, sans exception et sans discrimination. Nous voulions recentrer le débat et répondre aux problèmes auxquels les femmes doivent faire face lorsqu'elles s'habillent. Avec Polina [Veksler, avec qui elle a cofondé Universal Standard, ndlr], nous voulions redéfinir le « nouveau normal ». Que l'on fasse une taille 34 ou 64, on devrait toutes pouvoir rentrer dans une boutique ou aller sur un site Internet avec une seule question en tête : « Est-ce que cela me plaît ? ». Et pas : « Est-ce qu'il va y avoir ma taille ? ». À nos yeux, il était indispensable d'exclure le sujet de la taille de la conversation, et c'est pourquoi la dimension fonctionnelle des vêtements est indispensable. Pour faire disparaître la ségrégation basée sur la morphologie, il fallait changer le système de mesure dans son ensemble et proposer des pièces dans toutes les tailles. Quant à l'esthétique, elle est la finalité de notre projet. Le but est de se sentir bien, belle, confiante.

Quelle carrière meniez-vous avant de vous lancer dans l'entreprenariat ? Et quel a été le déclic qui vous a poussé à créer Universal Standard, au côté de Polina Veksler ?

J'ai débuté en tant que journaliste mode avec une attirance particulière pour le côté financier et économique (Polina, quant à elle, était dans le capital-investissement). Je couvrais de sublimes défilés, mais en tant que femme forte je savais que cette mode n'était pas pour moi. Je voulais en faire partie, participer activement à cette culture, mais je ne pouvais pas accéder à cet univers qui se dévoilait devant mes yeux.

Après des expériences respectives à l'étranger, Polina et moi nous sommes retrouvées à New York. Nous avions prévu d'aller à un évènement mais quelques jours avant, je l'ai appelée en lui disant que je n'avais rien à me mettre. Elle s'est moquée de moi et m'a dit de la rejoindre sur la 5ème avenue pour qu'elle puisse me trouver une tenue. Ma réponse l'a estomaquée : il n'y avait absolument aucune boutique sur la 5ème avenue où je pouvais trouver quoi que ce soit à ma taille. Polina s'est alors rendu compte du problème et nous avons commencé à échanger sur ce qui se passait dans le monde de la mode, ce qui pouvait être créé, amélioré, changé. Nous sommes parties d'un lourd constat : 150 millions d'Américaines portent une taille supérieure ou égale au 46, soit 68% de la population féminine nationale. Vous vous rendez compte de l'importance du marché totalement ignoré par la plupart des marques ? Pour un pays ultra capitaliste, cela peut paraître totalement incompréhensible, tout en prouvant à quel point les dégâts provoqués par l'industrie sont importants. Nous avons alors pris le risque de donner l'exemple.

Les fondatrices Polina Veksler et Alexandra Waldman

Vous avez donc créé votre marque parce que les personnes portant de grandes tailles demandaient un accès légitime à une mode qualitative auquel les labels et multimarques ne répondaient pas...

Notre souhait de départ n'était pas de répondre à une demande des femmes mais d'opérer un réel changement dans la perception générale de la mode. Car le système dans lequel nous évoluons n'est pas le reflet de la réalité. Les filles à la télé ou en couverture des magazines sont des archétypes inatteignables. Vivre dans ce monde parallèle a été déplorable pour notre santé mentale et physique. Il était donc temps qu'une marque incarne son rôle de porte-parole d'une tout autre manière.

Quel a été le plus grand challenge auquel vous avez dû faire face lorsque vous vous êtes lancée ?

Notre principal défi s'est avéré indissociable de notre plus importante victoire. Nous n'y connaissions absolument rien - nous ne savions pas comment produire ni même où le faire -mais heureusement, nous ne nous reposions pas sur les règles déjà en place. Normalement, pour augmenter ou réduire les proportions d'un vêtement, les usines utilisent une formule mathématique. Cette façon de faire est très rapide mais ne fonctionne pas pour les très grandes et très petites tailles. Nous avons donc décidé de faire une croix sur cette pratique au profit du micrograding, qui analyse directement sur les modèles comment le changement des tailles impacte le vêtement. Il a fallu trouver une fille pour chaque taille et ajuster les pièces sur chacune d'entre elles. Cela nous a pris beaucoup de temps et coûté beaucoup d'argent, mais ça valait le coup.

« Tout doit être abordé d'une autre manière, que ce soit pour faire des vêtements grandes tailles ou des pièces adaptées aux personnes handicapées. Plus nous ouvrons grand les portes, plus la créativité et le champ des possibles s'étendent. C'est ça la mode. »

Dans quelle mesure la mode peut-elle constituer un outil d'empowerment selon vous ?

La mode est une armure contre le monde, notre style est ce qui nous définit auprès des autres. J'avais l'impression de ne pas pouvoir exprimer ma personnalité, je n'avais pas ce pouvoir, c'était terriblement frustrant. Avec Universal Standard, l'idée était de parler de mode et uniquement de mode. Sans taille, sans discrimination, sans jugement. Ce que je vais dire peut sembler controversé mais notre marque ne constitue pas un acteur du body positivisme. Ce sont juste des vêtements pour femmes. Le corps est une aventure très personnelle et je pense qu'un label ne doit pas monétiser cela. Laissons les gens faire leur propre voyage.

Universal Standard est un nom très explicite : il appelle à la diversité, à l'inclusivité... Selon vous, quel rôle la mode doit-elle jouer dans ces domaines ?

Au moment de l'ouverture de notre showroom, nous avons pris conscience de certains comportements systémiques, notamment liés au déni. Une femme qui faisait du 54 était parfois persuadée de faire du 46. La pression culturelle l'avait obligée à se regarder autrement qu'elle ne l'était vraiment. Personne ne voit la taille sur l'étiquette et pourtant il m'arrive d'acheter une taille en dessous juste pour me persuader que je peux rentrer dedans ou qu'un prochain régime me le permettra. Comment arrêter ce constant harcèlement que nous nous imposons à nous-mêmes ?

Je crois que nous devrions être beaucoup plus créatifs dans la mode. L'inclusion de corps, origines, orientations sexuelles ou âges variés n'est qu'une représentation exacte du monde dans lequel on vit. Et cet engagement doit être de tous les instants. On ne peut pas proposer des grandes tailles en ligne et ne pas le faire en boutique. Tout doit être abordé d'une autre manière, que ce soit pour faire des vêtements grandes tailles ou des pièces adaptées aux personnes handicapées. Plus nous ouvrons grand les portes, plus la créativité et le champ des possibles s'étend. C'est ça la mode.

En 2015, vous étiez l'une des pionnières de la mode grandes tailles. Pensez-vous que l'industrie ait depuis progressé sur ce point ?

Elle a beaucoup évolué, mais pas assez. Nous avons ouvert la voie et maintenant de nombreuses marques nous sollicitent pour les guider dans ce nouvel univers. Adidas, Rodarte ou J.Crew, pour ne citer qu'elles, nous ont fait confiance et nous ont permis de démocratiser ce nouveau standard.

Comment la collaboration avec Rodarte est-elle née ?

J'avais fait une liste de marques avec qui nous pourrions faire des choses incroyables, et Rodarte était dans le top 3. Nous avons pris contact avec eux et ils ont tout de suite accepté de travailler avec nous. 100% des designs ont été faits par eux, nous n'aurions jamais pu créer ce genre de styles. Les sœurs Mulleavy sont de vraies artistes.

>Universal Standard travaille par ailleurs avec deux associations féministes dont elle sert les causes. En quoi consiste votre collaboration ?

Nous travaillons en effet depuis 3 ans avec les associations Dress for Success et First Step [qui supportent chacune les femmes de retour sur le marché du travail, ndlr]. À travers notre programme « Fit Liberty », nous nous engageons à leur donner les vêtements que nos clientes nous renvoient. Nous avons ainsi aujourd'hui offert plus 10 000 pièces à des femmes dans le besoin. Au-delà d'être une action féministe, elle s'inscrit aussi dans notre engagement écologique.

Dans un post Instagram, vous avez remis en question la pertinence du concept de « mode plus size ». Pourquoi vous dérange-t-il ?

Aborder le « plus size » comme une catégorie est une approche révolue. Je pense que nous avons un vrai problème de ségrégation. Pourquoi mépriser près de 70% de la population ? Le but ultime est de supprimer définitivement ces termes. La mode du futur permettra la diversité, et je suis fière qu'Universal Standard en fasse partie. Par ailleurs, les difficultés d'accès aux vêtements affectent beaucoup de femmes mais aussi beaucoup d'hommes. Nous espérons pouvoir nous étendre à cette catégorie, et pourquoi pas également à un entre-deux.

Cela signifie-t-il que vous envisagez de créer une ligne unisexe ?

Oui, absolument. Mais nous sommes une très jeune marque et nous devons choisir nos batailles. Nous avons cette communauté en tête, tout comme celles des personnes âgées et des individus à mobilité réduite. Constamment représenter les membres de notre société et ainsi reconnaître leur existence, voilà mon rêve.

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