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Le « homewear » est-il l'avenir de la mode ?

Style | le vendredi 19 juin 2020
Prime au confort et à l'aisance, aux flip-flops « pillow » et aux joggings en molleton : la mode « homewear » bat son plein. Effet ponctuel ou tendance de fond ? Comment le confinement va-t-il impacter la mode et les silhouettes ? Dans quelle mesure va-t-il modifier notre rapport au corps et donc aux vêtements ? « Streetwear is NOT dead » annoncent déjà les observateur·rice·s, venant contredire l'affirmation de Virgil Abloh qui prévoyait, avant la crise, la disparition de cette esthétique vestimentaire.

#Quarantinechic, #Safeandstylish, #alldressedupbutnowheretogo : les hashtags mode du confinement vont bon train. Selon Heuritech, spécialiste de la reconnaissance visuelle et des analyses prédictives de tendances, 28% des posts sur Instagram sont actuellement consacrés à la mode. « Le hashtag "ootd" (pour « outfit of the day », soit « tenue du jour » en français, ndlr) n'a pas vu son nombre d'occurrences diminuer depuis le début de la crise sanitaire. La mode reste un sujet de discussion et le nombre élevé de hashtags (aux multiples variantes orthographiques) associant style et isolement suggère même une prise de parole individuelle et créative sur la mode. S'habiller "at home" booste le moral des utilisateurs chaque jour, comme en témoigne l'augmentation des mentions associant la mode et les énergies positives (#dressinghappy, #positivitythroughfashion) », souligne Sarah Laurier, analyste mode et beauté pour la startup Linkfluence, spécialiste de la veille et de l'analyse des contenus en ligne. Comme si la situation permettait l'expression d'une plus grande individualité mode, d'une créativité plus personnelle dans la façon de composer des looks, de tenter des associations, bref de se réapproprier la question du style.

Les client·e·s sont également de plus en plus sollicité·e·s par les marques - comme Jacquemus ou Ganni par exemple - pour participer à des challenges créatifs, devenant ainsi des co-créateur·ice·s de contenus. L'époque apparaît comme propice aux expérimentations en matière de styling : sur Instagram, on voit en effet apparaître des looks un peu hybrides, mélanges de joggings, sweats à capuche, kimonos, pyjamas et sandales à semelle capitonnée... Le compte Instagram @wfhfits (Working From Home Fits) poste les meilleurs looks de confinement qu'il reçoit : flip-flops avec chaussettes surréalistes, polaire/jupe couverture, total-looks molletonnés, combi-leggings, chaussures pantoufles et autres volumes relâchés... Nous sommes nombreux·ses, en effet, à rechercher en ce moment le confort. Alors que le tailoring faisait son grand retour avant la crise sanitaire, le confinement risque-t-il de ralentir le phénomène ? Le « homewear » va-t-il être réinvesti ? Et si oui, quelles formes va-t-il prendre ?

Home sweet home

« On voit apparaître sur les réseaux sociaux de plus en plus d'encouragements à pratiquer des "workouts at home" en tenue de sport. Dans une période où l'on recherche des vêtements confortables et convertibles (convenant autant pour travailler que pour faire une session de sport à domicile), l'affirmation de Virgil Abloh "Streetwear/sportswear is dead" semble être de plus en plus contredite », souligne Sarah Laurier. Résultat : la chaussette est le nouveau stiletto et les slippers sont les nouvelles sneakers. On voit apparaître des sandales « Pillow » (« oreiller », en français) en tissu éponge ou en « eco shearling » chez Tibi, par exemple. Mais aussi des joggings Y/Project, Gucci, GmbH ou des « shorts de jogging » comme chez 1017 Alyx 9SM... « On ressent une envie irrépressible de jogging, de legging, de sweat à capuche, qui ne sont autres que le prolongement de la couette, du plaid, d'une enveloppe. Un vêtement confortable, ce n'est pas simplement l'absence de contraintes, c'est un ensemble de sensations, souvent de chaleur, de douceur. Le confort permet le réconfort, c'est-à-dire la tranquillité de l'esprit et l'absence d'angoisse », indique la philosophe Marie Schiele.

« L'habit d'intérieur permet en ce moment de ré-enchanter le quotidien. »

Dans l'histoire de la mode, il y a traditionnellement les habits qui façonnent le corps qui ne peut que s'adapter (les corsets, par exemple), ceux qui suivent le corps pour le révéler (les leggings) et les autres qui ne le contraignent pas (les joggings), favorisant ainsi l'aisance, le mouvement, le tout confort. « En période de confinement, le vêtement d'intérieur qui permet de passer du lit au canapé sans trop se poser de questions témoigne progressivement d'une perte de conscience de son corps, accélérée par la dématérialisation des relations sociales et par les conditions de travail », poursuit Marie Schiele, spécialiste de la mode. Et le vêtement devient cocon. Sans le regard de l'autre (qui ressurgit parfois derrière l'œil de la caméra lors des appels vidéos ou des réunions Zoom), l'habit baisse la garde, il ne se fait plus armure mais monde douillet à soi. Peut-on imaginer des effets durables, avec un « homewear » allant jusqu'à prendre ses aises dans l'espace public dans un monde post-confinement ?

Réinvestir son apparence

« Le confinement va-t-il avoir des effets sur les formes vestimentaires, sur le type de silhouettes ? La question se pose bien sûr mais, en toute rigueur, on ne peut pas établir de rapport de cause à effet aussi radical. Ce que l'on peut dire c'est que nos conduites vont devoir s'adapter et le centre de gravité de notre vie sera notre chez-soi pendant un temps encore, souligne Marie Schiele. À l'instar de Diderot, qui ne pouvait écrire que dans sa vieille robe de chambre, va-t-on voir émerger un retour du peignoir, du kimono, de la tunique, de la chemise longue, des vêtements souples, aux coupes non contraignantes mais au design travaillé ? ». Car on observe que même si le rôle social du vêtement - outil de communication - est très limité du fait de notre confinement (qui va de pair avec l'isolement), la recherche de style n'est pas pour autant abandonnée. Sur Instagram, une hybridation de sportswear/homewear/streetwear voit le jour. Pour les réunions virtuelles, certain·e·s respectent un dresscode corporate sur le haut (chemise/tailoring) et s'offrent plus de liberté sur le bas (jogging/short), donnant lieu à des mélanges inédits. « S'habiller permet de garder un semblant de normalité. On est à la maison sur le canapé mais on reste élégant par respect pour soi-même et pour les proches qui nous entourent. S'obliger à s'habiller pour s'imposer un rythme au quotidien, c'est un moyen de prendre soin de soi, et cela peut aussi apparaître comme un outil d'auto-promotion sur Instagram. La mode, même pratique, est un moyen de rester connecté à la vie et aussi à la beauté, commente Sophie Kurkdjian, chercheuse associée à l'Institut d'histoire du temps présent (IHTP/CNRS) et fondatrice de la plateforme Culture(s) de mode. Le jogging, longtemps associé aux sportifs, est devenu tendance : il est un habit d'intérieur confortable mais on remarque qu'il faut le choisir avec soin. » Tout comme les tenues journalières, les tenues de « workouts » (que l'on endosse pour faire son sport) se stylisent. « Elles deviennent plus chics, comme le démontre la naissance de nouveaux hashtags tels que "flatlaysport" ou l'augmentation notable des mentions associant le casual et le chic ("stayathomefashion", "sportychic" ou encore "comfylook") », ajoute Sarah Laurier.

Pour Marie Schiele, « l'habit d'intérieur permet en ce moment de ré-enchanter le quotidien, d'affronter l'ordinaire. Les pyjamas sont en soie, les leggings en cachemire : l'industrie de la mode veille au raffinement de l'ordinaire, à réinjecter du beau. » D'un point de vue psychologique, continuer à faire attention à son apparence est aussi nécessaire pour garder le moral. Et si certains misent sur un réinvestissement du paraître au moment du déconfinement (pour aussi oublier le « chez soi » apparaissant parfois comme un endroit prison), il sera certainement difficile d'abandonner la douceur et le réconfort qu'offre le homewear.

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