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Les paysages français : un cadeau de la nature en perpétuelle évolution

Style | le vendredi 17 juillet 2020

Directeur de création et stylisme, Yann Weber. Photographe, Raffaele Cariou. Producteur, Guillaume Folliero de Luna. Directeur de casting, Alexandre J

Montagnes, gorges, falaises, plages, forêts, monuments... La recommandation du gouvernement de privilégier le territoire national pour partir en vacances cet été nous invite à redécouvrir la richesse naturelle et architecturale de l'Hexagone. Une variété unique qui s'explique à la fois par l'histoire géologique du territoire national et par des siècles d'activité humaine.

Le 24 juin 2019, des mannequins défilent en arborant les nouvelles créations de Jacquemus sur un tapis rose fluo installé au beau milieu de champs de lavande s'étendant à perte de vue. Le designer a choisi de mettre en scène son show « Coup de soleil » dans son Sud natal, au sein des Alpes-de-Haute-Provence, pour célébrer les 10 ans de sa marque. Une façon inédite de placer la mode au cœur de la nature française et de mettre en valeur la beauté des paysages provençaux, un an avant que l'actualité ne se prête à la redécouverte de nos territoires.

En juillet et en août, en raison de la crise sanitaire, si le gouvernement a annoncé qu'il était possible de s'envoler pour l'Europe, la France reste la destination recommandée pour ceux·celles qui ont la chance de partir en vacances. L'occasion de profiter d'un pays dont les sites naturels sont particulièrement variés, des eaux turquoise de l'archipel des Glénan, en Bretagne, aux roches rouges du massif de l'Estérel, en passant par les neiges éternelles des Alpes.

Mais comment expliquer une telle richesse géographique ? La France est d'abord aidée par sa taille, qui en fait le deuxième pays d'Europe en comptant les départements d'outre-mer, ses quatre façades maritimes (mer du Nord, Manche, océan Atlantique et mer Méditerranée) et ses 1 000 kilomètres de latitude, qui lui offrent de nombreux climats. Mais sa diversité s'explique aussi par une histoire géologique lointaine qui a fait naître des roches et des sous-sols très différents. « La France géologique s'est construite en quatre étapes », explique Georges Feterman, auteur de Pays et terroirs méconnus de France (Delachaux et Niestlé, 2018). « Il y a 300 millions d'années, une grande chaîne de montagnes nommée "hercynienne" a créé la France du granite qui forme un grand V et comprend la Bretagne, le Massif central, les Vosges et un peu des Alpes. Puis, alors que les Vosges n'étaient que des îles, la mer a déposé des roches principalement composées de calcaire dans le reste du pays. Dans un troisième temps, il y a 80 millions d'années, les Alpes ont commencé à se soulever et à bousculer tous les paysages signalés précédemment. C'est à cette élévation des roches que l'on doit le bassin parisien et la Bourgogne. Enfin, beaucoup plus récemment, les rivières se sont enfoncées progressivement et ont dessiné nos paysages actuels. »

L'Ouest américain au cœur de la France ?

Le résultat de ces mutations successives est qu'il existe aujourd'hui trois France distinctes. La première est celle du granite, que l'on peut admirer en visitant les gorges du Verdon, le plus grand canyon d'Europe façonné dans la roche rose et dont la vue est spectaculaire. La deuxième est celle du calcaire, visible par exemple à Étretat, en Normandie. Ces impressionnantes falaises ouvertes sur la Manche ont inspiré de nombreux peintres, comme l'impressionniste Claude Monet. En Gironde, la dune du Pilat, à l'entrée du bassin d'Arcachon, est un autre bijou patrimonial qui fait partie de cette France calcaire. Le troisième type de paysage français est celui des montagnes. « Mais il existe un lieu à la croisée de ces trois France », révèle le professeur agrégé de sciences naturelles. Il s'agit des Cévennes, au centre du pays, où peuvent s'observer les renversantes gorges de l'Ardèche. Pour vivre cette expérience au mieux, Georges Feterman recommande de démarrer son périple dans de petites villes comme Florac et Meyrueis et de se laisser éblouir par ce qui nous entoure. « C'est notre Ouest américain à nous », s'amuse le spécialiste.

Notre environnement n'a cependant pas évolué tout seul et l'activité humaine a bien sûr eu une influence sur les paysages. « L'impact de l'homme remonte à environ 10 000 ans, quand nous sommes passés du paléolithique au néolithique et que les hommes ont cessé d'être chasseurs-cueilleurs pour devenir des éleveurs. À partir de là, tout a changé et les forêts ont disparu pour laisser place aux pâturages. On est passé de milieux fermés à des milieux ouverts, comme les prairies. » Les plus belles régions pour profiter de cette empreinte civilisationnelle sont, pour la plupart, celles rattachées aux bons vins et aux grands fromages (le champagne aux alentours de Reims, le vin rouge dans les vignobles bourguignons, le cidre sur les côtes normandes, le roquefort dans les Causses, le comté dans les vallons du massif jurassien ou encore le beaufort dans les alpages savoyards).

Lorsqu'autour de -3000 avant J.-C., les hommes·femmes se sont mis·e·s à construire des cités, ils·elles ont aussi créé des chefs-d'œuvre architecturaux se mêlant prodigieusement aux milieux naturels. Entre la Bretagne et la Normandie, le Mont-Saint-Michel, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, en est un exemple évident. L'abbaye de Saint-Michel, construite au Xe siècle, surplombe un îlot rocheux encerclé d'une baie où les sables, parfois mouvants, la mer et le ciel se partagent l'horizon. On peut également citer l'impressionnant pont du Gard, haut de 48 mètres et datant de l'Antiquité. Le monument s'insère parfaitement dans une nature méditerranéenne où se croisent aigles, hérons et castors.

Une diversité à préserver

L'urbanisation galopante est-elle en train de mettre à mal cette harmonie et les derniers paradis naturels français ? Pas tout à fait. « Paradoxalement, là où la ville n'est pas arrivée, les paysages de France ont tendance à redevenir sauvages, c'est-à-dire qu'il y a de moins en moins de paysans pour apprivoiser la nature et que la forêt reprend beaucoup de place », pointe Georges Feterman. Reste que la hausse des températures à l'échelle globale bouleverse les espaces naturels, et que les scientifiques observent que la végétation du sud remonte progressivement vers le nord. « Si l'on ne fait rien, le sud de la France risque de se désertifier » s'alarme Georges Feterman, également président de l'association A.R.B.R.E.S., qui a pour vocation de faire connaître et de préserver les arbres les plus extraordinaires de notre pays. « Mais les deux mois de confinement ont prouvé que la nature pouvait reprendre ses droits si les hommes étaient plus raisonnables », poursuit-il.

Cet été, la réduction du nombre de vols touristiques internationaux permettra de lutter contre le réchauffement climatique, et contribuera ainsi à préserver la nature française. Un constat d'autant plus réjouissant qu'en posant nos valises au pied du Mont-Saint-Michel, aux calanques de Marseille, à l'île de Porquerolles ou au lac d'Annecy, on peut être presque aussi dépaysé qu'en allant au bout du monde.

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