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LES 8 TENDANCES PHARES DE L'HIVER 2020-2021

Style | le lundi 30 novembre 2020

Directeur de création et styliste, Yann Weber. Photographe, Patrick Weldé. Producteur, Guillaume Folliero de Luna. Coiffeur, Olivier Schawalder. Maquilleuse, Tiziana Raimondo. Coordinateur mode, Nikita Radelet.

trois mannequins femmes en extérieur
Looks, de gauche à droite.

Gauche : Veste et Pantalon, Acne Studio, Sac à main Cloud en cuir marron Mansur Gavriel,
Centre : Veste Acne Studio, Pantalon évasé Ingrid en laine mélangée noir Rejina Pyo, Ceinture avec pochette en cuir noir Y/Project, Sac à main Mini Cloud en cuir Mansur Gavriel.
Droite : Plastron noir Loewe, Robe bleue Acne Studio, Sac à main Cloud en cuir Mansur Gavriel.

Chaque saison, les designers de mode semblent se passer le mot pour que leurs créations, mises bout à bout, dessinent des tendances et pour qu'on se demande inlassablement : « Mais comment ont-il·elle·s fait pour avoir la même idée en même temps ? » Éponges des transformations sociales et culturelles, sociologues, expert·e·s des signaux visuels, les créateur·rice·s se font le reflet de leur époque. Et la mode, miroir de la société. Depuis le XIXe siècle, le système de la mode est aménagé pour la création de tendances, transformant les vêtements en objets de mode et la mode en valeur désirable, par le prisme des médias et, aujourd'hui, des réseaux sociaux. Cet hiver, l'heure est au réconfort, au vêtement cocon, à l'esprit d'évasion, aux bijoux no gender et aux silhouettes ageless, dans une optique toujours plus large d'inclusion. Passage en revue des huit tendances de la saison.

L'ambiance green
Tonalités nude, dégradés ambrés, accents terre brûlée, tons sable et ocre, imprimés marron... Ces couleurs neutres et naturelles irriguent les collections de la saison. On décèle dans ce choix chromatique une quête d'escapisme, en capitalisant sur les joies - simples - de la nature. Ces tons déclinés en total look, perceptibles aussi bien chez Missoni, Marni, Lanvin ou Acne Studios signalent également un besoin grandissant de naturalité, d'authenticité et de retour à la terre à l'heure de l'urgence climatique. Chargés symboliquement, ils illustrent en filigrane la mue écologique de la mode, longtemps accusée d'être hors-sol. Autre signal de ce rapprochement : de plus en plus de créateur·rice·s choisissent la pleine nature - espace de liberté face aux villes confinées - pour défiler : récemment, Jacquemus a fait le show en plein champ de blé, Burberry a élu domicile au milieu d'une forêt anglaise et Paria Farzaneh, dans une prairie verdoyante. La mode est en plein élan rural.

DANS CE LOOK :

Lui : Veste, Pull à capuche et Jean droit bleu, Lanvin.
Elle : Chemise Kiara en cuir végan Nanushka, Sac en cuir marron Y/Project.

La mode ageless
De plus en plus inclusive, la mode rappelle qu'elle s'adresse à tous les âges et toutes les morphologies. C'est à elle de s'adapter aux corps et non plus l'inverse. En cela, les designers ne se contentent plus de propulser sur les podiums des mannequins stars qui ont passé 50 ans, il·elle·s montrent aussi bien dans l'image que dans le design que les vêtements sont désormais pensés pour tou·te·s en s'extrayant des clichés liés à l'âge. Cela se perçoit dans les coupes au confort extrême et les matières extensibles, comme chez Loewe, Lanvin, Neil Barrett, qui créent de nouvelles représentations dessinant en filigrane une société bienveillante, fondée sur une coopération entre les générations.

Les bijoux no gender
Autrefois, les bijoux étaient un attribut du pouvoir masculin associé à la royauté et à l'aristocratie. À partir de la fin du XVIIIe siècle, ils se démasculinisent peu à peu pour devenir l'apanage du genre féminin, mais en assujettissant le corps des femmes à un rôle déterminé par un système de séduction. Il faut attendre la seconde partie du XXe siècle pour que les femmes s'approprient la joaillerie selon leurs propres règles, en se détournant du regard masculin. Puis ce n'est que récemment que les bijoux ont commencé à s'affranchir des codes genrés. En 2018, comme un signal d'ouverture, Kim Jones nomme Yoon Ahn, la créatrice du label Ambush, à la tête de la création des bijoux de Dior Homme. Cette saison, les pièces mixtes, de plus en plus nombreuses, signées Vivienne Westwood, Alan Crocetti ou encore Raf Simons se partagent et habillent aussi bien les silhouettes masculines que féminines.

DANS CE LOOK :

Robe Area, Chemise bleue Area, Bob rose Maison Michel, Collier doré Vivienne Westwood.

Le masque, accessoire de mode malgré lui
Il a fallu quelques mois pour que les marques de mode investissent le terrain du masque - outil de protection sanitaire - et le transforment en accessoire de mode. Certain·e·s comme Boramy Viguier avaient anticipé la « tendance » ; pendant la Fashion Week de mars, leurs mannequins défilaient déjà masqués, de manière prophétique. En son temps, Martin Margiela masquait ses mannequins pour laisser la primeur aux vêtements. Aujourd'hui, quitte à devoir cacher son visage, autant upgrader son look, tout en respectant les normes sanitaires. Choisir un masque qui sort du lot permet à chacun·e d'exprimer sa créativité, son goût, un versant de sa personnalité. Le hashtag #facemask, qui comptabilise plus de six millions d'occurrences sur Instagram, souligne cet engouement. Couleurs flashy, motifs originaux : les masques sont assortis aux tenues ou réveillent des looks monochromes.

Le bob en hiver
Accessoire d'été, symbole de plage et de séances de bronzage, tombé un temps dans les oubliettes de la mode, le bob refait son come-back. Avant de basculer dans l'univers de la mode, le bob, aujourd'hui symbole de coolness, est issu du monde militaire : c'est le couvre-chef en tissu que portaient les GI's américains débarqués en France pendant la Seconde Guerre mondiale. La nouveauté, cette saison, c'est qu'il se porte désormais aussi l'hiver en mode streetwear, plus que beachwear donc. Chapeau cloche en velours côtelé chez Marni, classique minimaliste chez l'expert chapelier Maison Michel, bob-fédora chez Gucci, petite toque en Nylon pour Prada, en mode chapeau de pluie chez Off-White, le bob est d'humeur versatile et s'adapte manifestement aux conditions météorologiques de la saison.

DANS CE LOOK :

Gauche : Robe Area, Chemise bleue Area, Bob rose Maison Michel, Collier doré Vivienne Westwood, Sac Lanvin.
Droite : Robe noire Area, Chemise noire Area, Bob Maison Michel, Sac en cuir noir Lanvin, Sac doré Aspinal of London.

Le style vintage
Blazer cintré et jupe midi en tartan moutarde chez Miu Miu, costume velours vieilli et pantalon pattes d'éléphant chez Acne Studios, maille duveteuse et poilue chez Gucci, sacs minaudières effet rétro chez Lanvin et Aspinal of London et autres cardigans parfaits pour rester au coin du feu... Les inspirations dites « vintage » fleurissent dans les collections. Vivienne Westwood a toujours parsemé ses créations de références aux siècles passés - crinoline et robes faux-cul en tête - tout comme Alessandro Michele chez Gucci. Il est de bon ton d'adopter un style suranné, une esthétique rétro, quelque chose qu'on semble connaître, qui sécurise. Voilà tout le paradoxe de la mode : jongler sans cesse entre un passé qui rassure et un présent porteur de nouveauté. Il faut dire que les archives de la mode, partagées sur les réseaux sociaux, n'ont jamais eu autant le vent en poupe.

Le total look maille
La maille a rarement été aussi présente dans les looks d'hiver. En robe, pull, pantalon, cardigan XXL, en mode total look/layering, elle se décline partout. Moelleuse, confortable, extensible, elle est « homewear compatible ». Si elle est idéale pour le cocooning, elle se porte aussi en extérieur. Bon gros pull-over jacquard Prada, cardigan Marni duveteux, exagérément trop grand pour s'y envelopper, blazer Missoni, la maille enrobe les silhouettes. Les écharpes XXL Acne Studios prennent quant à elle la forme de plaids dans lesquels on s'enroule ou qu'on laisse tomber sur les épaules façon poncho.

Les habits-habitacles
Veste sans manches multi-poche et multi-sac chez Prada, doudoune architecturée Moncler, plastron protecteur en cuir signé Loewe, manteau façon armure matelassée Baum und Pferdgarten, écharpe-couverture chez Acne Studios... La mode devient cocon, les vêtements, réconfortants. Ils suggèrent une volonté de nous protéger du monde extérieur, de notre vulnérabilité. Les couches et surcouches de pièces illustrent notre recherche d'espaces de non-risque, de zones de confort à l'heure où l'incertitude règne. L'habit devient synonyme de réconfort et d'empowerment. Il se fait aussi aventurier, baroudeur, tout-terrain, mélange d'outwear et de workwear, à l'image des pantalons cargo, des teintes kaki d'inspiration militaire et des vestes multi-fonction façon couteaux suisses.

DANS CE LOOK :

Veste noire, Pull à motif, Visière et Sacs, Prada.

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